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Alzheimer : les femmes plus touchées que les hommes ?

Les femmes sont plus susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer, c’est un fait. Cette observation est justifiée par le fait que l’espérance de vie est plus longue chez les femmes. Mais il existe d’autres facteurs – plus subtils – rapportés par des études qui expliqueraient cette vulnérabilité plus grande chez la femme

Longévité

Jusqu’à présent, la différence entre les hommes et les femmes était largement attribuée au fait que les femmes vivaient plus longtemps que les hommes. L’âge étant le principal facteur de risque de la maladie d’Alzheimer, il est logique de penser que les femmes sont plus à risque.

Il apparaît que le risque pour un homme de 65 ans de développer la maladie d’Alzheimer est de 6 à 9 % jusqu’à sa mort, alors qu’il est de 12 à 16 % pour une femme. Si l’on prend en compte toutes les formes de démence, ce pourcentage est de 11% pour les hommes et de 19% pour les femmes.

Plus la femme vieillit, plus la prévalence est élevée : ainsi entre 65 et 69 ans, la prévalence est quasiment identique entre les hommes (0,6%) et les femmes (0,7%), ce qui n’est pas le cas pour la tranche d’âge des 85-89 ans (8,8% pour les hommes et 14,2% pour les femmes).

Cela rejoint d’autres études ayant montré qu’à partir de 80 ans, les femmes sont deux fois plus touchées par la maladie d’Alzheimer que les hommes et représentent environ 70% des malades d’Alzheimer.

S’il y a donc plus de femmes que d’hommes atteintes de la maladie d’Alzheimer, c’est en partie :

Mais de nouvelles recherches suggèrent qu’il peut y avoir des raisons de nature génétique.

Facteurs génétiques

Il est admis que les personnes porteuses de la forme apoE4 de l’apolipoprotéine E (présente chez 10% à à 20% de la population) ont plus de risque de développer la maladie d’Alzheimer que ceux possédant les formes apoE2 or apoE3 (la forme la plus courante).

Ce risque semble plus important chez les femmes que chez les hommes, selon une étude menée par des chercheurs américains (Université Stanford).

Huit mille individus de 60 ans et plus ont participé à l’étude, dont 5000 sujets sains et 2200 avec un trouble cognitif léger.

Les personnes qui possédaient la forme apoE4 avaient un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer, comme cela était prévisible.

Fait intéressant : les femmes porteuses de la forme apoE4 étaient 2 fois plus à risque, comparées aux hommes.

Le chercheur principal avait déjà constaté par le passé que les connections entre les neurones étaient défaillantes chez les femmes avec la forme apoE4, ce qui n’était pas le cas chez les hommes.

Ces résultats expliqueraient pourquoi il y a plus de femmes souffrant de la maladie d’Alzheimer, l’autre raison étant le fait qu’elles vivent plus longtemps.

Source : Sex modifies theAPOE-related risk of developing Alzheimer disease. Annals of Neurology, 2014.

Santé cardiaque

Une autre étude suggère que cette différence homme-femme peut être liée à la santé cardiaque. En effet, selon leurs auteurs, les hommes qui vivent après 65 ans ont une meilleure santé cardiaque qui protège leur cerveau de la maladie d’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer et les maladies cardiaques partagent de nombreux facteurs de risque, notamment l’hypercholestérolémie, le diabète et l’obésité.

Facteurs hormonaux

L’hormonothérapie conduit à une augmentation des taux d’oestrogènes qui semblent avoir des effets protecteurs sur le cerveau, à condition que le traitement débute juste après la ménopause.

En revanche, ce même traitement pourrait être délétère s’il commence plusieurs années après, ce qui entraîne une augmentation significative du risque de démence.

Les effets de l’hormonothérapie sont donc soit protecteurs soit nocifs suivant la période à laquelle elle a été appliquée.

Une évolution différente de la maladie d’Alzheimer plus rapide chez les femmes

La perte des fonctions cognitives est deux fois plus rapide chez les femmes présentant des troubles cognitifs légers.

Cette observation pourrait aider à mieux comprendre pourquoi les femmes sont plus vulnérables que les hommes.

Elle s’expliquerait par des facteurs de risque génétique et/ou environnemental spécifiques au sexe qui agissent sur la pente de déclin.

L’analyse du cerveau par neuroimagerie indique une évolution différente de la maladie d’Alzheimer entre les hommes et les femmes.

Des chercheurs ont analysé pendant cinq ans le cerveau d’individus (60 hommes et 49 femmes, âgés de 75 ans environ) qui présentaient des troubles de la mémoire et qui ont par la suite été diagnostiqués Alzheimer.

Ils ont constaté que les femmes présentaient une réduction plus importante et plus rapide du volume de l’hippocampe, région cérébrale impliquée dans la mémoire.

La lésion de l’hippocampe survient plus tard chez les hommes, mais se dégrade plus rapidement par la suite. De plus, la réduction de la matière grise ne touche pas les mêmes zones chez les hommes et les femmes.

Selon l’auteur principal,  « les raisons de cette sensibilité inégale à la maladie pourraient être dues à des facteurs génétiques, hormonaux et environnementaux » (Source: congrès international de radiologie de Chicago).

La maladie d’Alzheimer moins bien décelée chez les femmes ?

Les femmes obtiennent de meilleurs résultats que les hommes aux tests de mémoire verbale*, qui sont sont utilisés pour diagnostiquer les premiers signes de la maladie d’Alzheimer.

* Ce test de mémoire consiste à répéter immédiatement une quinzaine de mots prononcés par l’axaminateur, puis à les répéter 30 minutes plus tard.

Selon une étude menée par des chercheurs américains (Université de Californie) sur plus de mille participants (254 patients atteints de la maladie d’Alzheimer, 672 atteints de déficience cognitive légère et 390 sans problème de mémoire), les femmes ont obtenu de meilleurs résultats aux tests de mémoire verbale que les hommes.

Celles-ci parvenaient à compenser les modifications qui survenaient dans leur cerveau. Autrement dit, le test de mémoire est suffisamment sensible pour détecter les premiers signes d’un déclin cognitif chez un homme, mais pas chez une femme qui pourra utiliser ces fonctions intactes pour pallier ce déficit cognitif.