Les troubles de communication chez les patients atteints de démence sont de plus en plus présents au fur et à mesure que la maladie évolue, en raison des troubles du langage et du comportement. Les facteurs favorisant la communication incluent la mise en jeu des émotions, l’application de soins corporels et une bonne relation entre le patient et l’entourage.
Le langage est atteint
La démence est une maladie de la communication et, surtout, de la communication verbale. En effet, la progression de la maladie appauvrit inéluctablement les capacités d’échange verbal du malade avec son entourage. Les difficultés réelles de communication vont surtout survenir au stade sévère de sa maladie.
La communication verbale avec le malade atteint du déficit des fonctions cognitives est d’autant plus difficile que l’étendue des lésions cérébrales – en particulier les zones du langage – est marquée. Ce déficit concerne :
- les troubles de la compréhension;
- les troubles de l’expression orale dominés par un manque de mots;
- des paraphasies fréquentes : les mots sont déformés ou se substituent à d’autres;
- une simplification de la syntaxe;
- dans les cas les plus sévères, le langage devient un jargon avec de nombreux néologismes.
Facteurs aggravants la communication
Qu’il s’agit d’un entourage familial ou médical, plusieurs facteurs peuvent aggraver l’échange :
- l’absence de disponibilité, d’attention et d’écoute. Par exemple des soignants, qui au cours d’un soin, ont une conversation personnelle dont le malade est exclu;
- la précipitation : le patient a besoin de temps pour rassembler ses idées, trouver les bons mots et vérifier qu’il a été compris. Dans le cas contraire, il préférera souvent se taire;
- le jargon médical parfois employé par les soignants;
- une parole du malade considérée comme sans intérêt;
- une mise en échec lors d’une amorce de relation où il lui est trop demandé, où il se sent dévalorisé.
Comment optimiser la communication
Toute stimulation cognitive peut être propice à induire une parole, notamment dans le cas de séances avec une orthophoniste.
D’autres thérapies (musicothérapie, techniques de relaxation, art-thérapie) facilitent la communication en renforcent l’estime de soi.
Les soins corporels agréables tels que des massages ou des soins esthétiques peuvent encourager le patient à parler.
Comment stimuler l’attention et la motivation du patient
La communication ne doit jamais être imposée. Aux soignants de créer un climat de confiance et stimuler l’attention et la motivation. Pour cela il convient de :
- se mettre dans un endroit calme pour créer ensemble un espace commun d’échange;
- se mettre face aux malades au même niveau que lui;
- stimuler son attention par le toucher et le regard;
- faire des phrases simples ne contenant qu’une idée à la fois;
- dire ‘je’ et éviter d’utiliser ‘on’ trop flou et impersonnel;
- formuler les questions pour susciter des réponses par ‘oui’ ou par ‘non’, et non pas demander des choix;
- reformuler éventuellement les paroles du malade pour vérifier leur contenu;
- l’aider éventuellement à trouver les mots manquants.
Ainsi chaque fois qu’on offre au patient de l’attention, qu’on le sollicite en essayant de le valoriser et non de le mettre en échec, chaque fois qu’on mobilise ses fonctions émotionnelles, on permet à sa parole de se développer.
Les malades souffrant de démence ont une expression verbale qui devient de plus en plus difficile. Cependant, jusque dans la phase évoluée de la maladie, avant le stade de mutisme, la majorité d’entre eux recherche la communication pour exprimer leur vécu, parler deux etc.
Lorsque le mode verbal de communication disparaît, le mot reste toujours possible, surtout si on le favorise par un climat propice.
Il faut encore que l’entourage soit convaincu qu’échanger avec eux a du sens et que leur parole a du sens.