Les personnes qui connaissent des épisodes récurrents de dépression sont plus à risque de développer des problèmes de mémoire plus tard dans la vie.
La présence de dépression et d’une anxiété chez une personne peut présager que celle-ci a développera des problèmes de mémoire. Les scientifiques ont déjà montré que la dépression et d’autres problèmes de santé mentale peuvent affecter la mémoire d’une personne à court terme. Par exemple, une étude publiée par la revue Cognition and Emotion en 2016 a révélé que les personnes atteintes de dysphorie – un sentiment persistant de tristesse ou d’insatisfaction qui est souvent un symptôme de dépression – avaient une mémoire de travail plus pauvre que les personnes sans aucun problème de santé mentale.
En 2019, des chercheurs britanniques (Université du Sussex à Brighton) ont apporté des preuves établissant un lien entre les problèmes de santé mentale à l’âge adulte et les problèmes de mémoire à l’âge de 50 ans.
Selon Darya Gaysina, auteur de l’étude, «plus les personnes souffrent de dépression à l’âge adulte, plus le risque de troubles cognitifs est élevé plus tard dans la vie». »
Cette constatation souligne l’importance d’une gestion efficace de la dépression pour prévenir le développement de problèmes de santé mentale récurrents. Ces problèmes de santé mentale finissent par avoir un impact délétère à long terme sur la mémoire.
Dans la nouvelle étude longitudinale, dont les résultats apparaissent dans le British Journal of Psychiatry, les chercheurs ont analysé les données de 9385 personnes nées au Royaume-Uni en 1958. Cette nouvelle étude est la première à examiner la relation à long terme entre la santé mentale et cognitive.
Les chercheurs suivent cette cohorte depuis plus de 60 ans, recueillant des informations sur la santé de chaque participant à l’âge de 7, 11, 16, 23, 33, 42, 44, 46, 50 et 55 ans. De plus, ces participants ont signalé leurs symptômes de dépression entre 23 et 50 ans et ont passé des tests de mémoire et d’autres fonctions cognitives à l’âge de 50 ans.
Les chercheurs ont utilisé un test de rappel de mots pour évaluer la mémoire des participants. Ils ont également évalué la mémoire verbale, la fluidité verbale, la vitesse de traitement de l’information et la précision du traitement de l’information de chaque personne.
La récurrence de la dépression affecte la mémoire vers 50 ans
Bien que l’expérience d’un seul épisode de dépression ou d’un autre trouble de l’humeur ne semble pas affecter la mémoire d’une personne au cours de la quarantaine, les chercheurs expliquent que le fait de traverser une période dedépression et d’anxiété à plusieurs reprises tout au long de l’âge adulte était un bon prédicteur d’une mauvaise mémoire à 50 ans. « Nous savions grâce à des recherches antérieures que les symptômes dépressifs ressentis entre le milieu de l’âge adulte et la fin de l’âge adulte peuvent prédire une baisse des fonctions cérébrales plus tard, mais nous avons été surpris de voir à quel point les symptômes de dépression persistants sont un indicateur important d’une mauvaise mémoire vers la quarantaine « , explique le premier auteur de l’étude.
Les chercheurs précisent que la principale force de cette recherche réside dans le « large échantillon représentatif au niveau national avec une longue période de suivi ».
Cependant, ils soulignent que les données ont leurs limites, la principale étant que les participants n’ont effectué des évaluations de la fonction cognitive qu’une seule fois, à 50 ans. Par conséquent, les chercheurs n’ont pas pu retracer des changements éventuels de fonction cognitive au fil du temps .
« Cette recherche devrait être un signal d’alarme pour faire ce que vous pouvez pour protéger votre santé mentale, tel que maintenir des relations solides avec vos amis et votre famille, faire de l’exercice physique ou pratiquer la méditation de pleine conscience. – qui ont tous démontré des effets bénéfiques sur la santé mentale. »
Source: Longitudinal associations of affective symptoms with mid-life cognitive function: evidence from a British birth cohort. The British Journal of Psychiatry Volume 215, Numéro 5. Novembre 2019 , pp. 675-682.