Plusieurs cas d’intoxication sévère liés à des nitazènes ont été rapportés en France notamment. Les experts en addiction tirent la sonnette d’alarme.
Les nitazènes sont un groupe de composés développés dans les années 1950 en tant qu’analgésiques opioïdes, mais leur commercialisation n’a jamais été approuvée. Les nitazènes se caractérisent par leur grande puissance (par exemple, des centaines voire des milliers de fois plus puissants que la morphine et d’autres opioïdes, et dix fois plus puissants que le fentanyl). Ces dernières années, plusieurs nitazènes, y compris des « analogues de synthèse », ont été détectés dans l’offre de drogues illicites et ont été impliqués dans la mortalité par surdose, principalement en raison de leur puissance exceptionnellement élevée. Dans l’offre de drogues de rue, les nitazènes sont souvent mélangés à du fentanyl ou à d’autres agents. Ces médicaments posent un problème particulier, car les chercheurs ne savent pas à ce jour comment inverser une overdose de nitazène et ne connaissent pas les interactions potentielles entre les médicaments ou l’alcool. Des efforts de santé publique sont nécessaires pour mieux informer les consommateurs de drogues de rue, les premiers intervenants, les professionnels de la santé et le grand public sur ces « nouvelles vieilles drogues » qui infiltrent l’offre de drogues récréatives.
Dans la bataille contre le trafic de drogue et la toxicomanie, les trafiquants semblent toujours avoir une longueur d’avance. Régulièrement, de nouvelles substances apparaissent sur le marché, ruinant tous les efforts des autorités pour lutter contre les drogues plus courantes. Ces derniers mois, plusieurs cas d’intoxication grave par des composés de la famille des nitazènes (tels que l’isotonitazène ou le protonitazène) ont été signalés dans le sud de la France et à La Réunion.
Ces opioïdes synthétiques sont encore largement méconnus en France. Développés dans les années 1950 pour être utilisés comme antalgiques, les nitazènes ont rapidement été abandonnés en tant que médicaments en raison de leurs effets secondaires importants. Cependant, ils ont récemment refait surface comme drogue récréative en Amérique du Nord, confrontée à une crise des opioïdes depuis deux décennies.
Les premiers signalements de leur présence en Europe et en France datent de cet été.
Les nitazènes sont difficiles à détecter
Les nitazènes sont extrêmement difficiles détectables pour les médecins et la police en raison de plusieurs caractéristiques. Tout d’abord, son apparence physique ne permet pas de la distinguer facilement d’autres drogues synthétiques. De plus, les utilisateurs ne cherchent généralement pas spécifiquement du nitazène mais se retrouvent en présence sans le savoir.
Un autre sujet de préoccupation concerne la naloxone, un antidote aux opiacés qui n’est que partiellement efficace contre les nitazènes. Dans certains cas, il faut une dose plus élevée de naloxone que celle utilisée pour traiter les overdoses d’héroïne ou de morphine, et plusieurs administrations peuvent même être nécessaires.