L’inventaire neuropsychiatrique (en anglais, Neuropsychiatry Inventory ou NPI) est un questionnaire mesurant les changements comportementaux et psychologiques d’un patient pour lequel un diagnostic de démence a été posé.
Il évalue également le retentissement de ces troubles sur le soignant /aidant (par ex. le conjoint) en charge du patient. Ce test est effectué tous les quatre à six semaines environ.
L’inventaire neuropsychiatrique est effectué tous les quatre à six semaines environ. Il demande pour sa réalisation un entretien entre un clinicien ou un membre de l’équipe soignante et l’aidant principal du malade examiné.
Au cours de cet entretien, l’aidant est interrogé sur la fréquence et la sévérité des 12 symptômes qu’il semble reconnaître, avec une éventuelle explication donnée par le soignant.
Les 12 troubles comportementaux et psychologiques évalués
- Idées délirantes (paranoïa)
- Hallucinations
- Agitation/agressivité
- Dysphorie/dépression
- Anxiété
- Exaltation de l’humeur/euphorie
- Apathie/Indifférence
- Déshinibition
- Irritabilité/instabilité de l’humeur
- Comportement moteur aberrant
- Troubles du sommeil
- Troubles de l’appétit
1. Idées délirantes. Le malade croit que des gens ont l’intention de lui faire du mal, de l’abandonner ou de le voler. Il dit que les membres de sa famille ne sont pas ceux qui se prétendent l’être ou qu’il y a des hôtes indésirables dans sa maison. Il pense que la maison dans laquelle il vit n’est pas la sienne (le malade n’est pas seulement soupçonneux. Il est convaincu de la réalité de ces choses)
2. Hallucinations Le malade se comporte comme s’il entend des voix ou voit des choses que les autres ne voient pas. Il parle à des personnes qui ne sont pas présentes. Il semble voir, entendre ou percevoir des choses inexistantes (ce comportement est différent de celui consistant à croire qu’une personne est encore vivante).
3. Agitation/Aggressivité. Le malade a des périodes pendant lesquelles il refuse de coopérer, se montre agacé lorsque l’on veut s’occuper de lui. Le malade crie, a des gestes brutaux, voire violents.
4. Dépression/Dysphorie. Le malade semble triste ou déprimé et l’exprime verbalement. Il pleure, sanglote, se rabaisse. Il va même jusqu’à exprimer son désir de mourir ou de se suicider.
5. Anxiété. Le malade est très nerveux, inquiet ou effrayé sans raison apparente. Il semble très tendu ou il a du mal à rester immobile. Il est appeuré, nerveux quand il est séparé de son conjoint(e) ou ami(e). Il se fait du souci au sujet d’événements qui doivent arriver. Il a des périodes pendant lesquelles il se sent mal à l’aise ou très tendu. Il évite les endroits ou certaines situations qui le rendent nerveux.
6. Exaltation de l’humeur/euphorie. Le malade manifeste une bonne humeur plutôt excessive. Il agit avec une gaieté exagérée. Il paraît trop heureux par rapport à son état habituel. Il a un sens de l’humour puéril et une tendance à rire sottement et sans raison. Il fait des plaisanteries déplacées.
7. Apathie/Indifférence Le malade a perdu tout intérêt pour le monde extérieur en particulier lors de ses activités quotidiennes. Il manque de motivation pour commencer de nouvelles activités. Il est devenu plus difficile d’engager une conversation (communication) avec lui. Il est apathique, indifférent. Il a perdu tout intérêt pour ses amis et membres de sa famille.
8. Désinhibition. Le malade agit avec impulsivité. Il dit ou fait des choses qui, en général, ne se font pas ou ne se disent pas en public. Il se comporte de manière inhabituelle. Il fait des choses qui sont embarrassantes ou blessantes. Il parle à des personnes qui lui sont totalement étrangères comme s’il il les connaissait.
9. Irritabilité/instabilité de l’humeur Le malade est irritable ou facilement perturbé. Il a des sautes d’humeur. Il se montre anormalement impatient. Il manifeste un mauvais caractère.
10. Comportement moteur aberrant Le malade entreprend des activités ou effectue des gestes de manière répétitives (par exemple ouvrir les placards ou des tiroirs, tripoter des objets, enrouler de la ficelle…). Il a la bougeotte, tourne en rond dans la maison.
11. Sommeil Le malade présente des troubles du sommeil : il a des difficultés à s’endormir, il erre durant la nuit, croyant que c’est le matin s’habille dans le but de sortir, réveille son conjoint(e) durant la nuit, se lève trop tôt le matin, dort de manière excessive pendant la journée.
12. Troubles de l’appétit. Le malade a des changements dans son appétit ou ses habitudes alimentaires (coter NA si le patient ne peut s’alimenter lui-même). Il a perdu ou a gagné du poids de façon notable .
Cotation
Une note est donnée selon les informations fournies par l’aidant qui répond par OUI (si présence de symptômes) ou par NON (si absence de symptômes).
Une réponse « OUI» indique l’apparition ou le changement du trouble comportemental. L’aidant évalue alors sa fréquence (combien de fois ce trouble affecte le patient) et sa gravité (ce trouble est-il inoffensif, perturbant ou éprouvant pour le patient?). Par exemple le soignant indique que son conjoint est devenu encore plus dépressif depuis le dernier examen.
Une réponse « NON » indique qu’ il n’y a pas apparition ou changement dans le, ou les troubles du comportement en question (par ex, le soignant indique que son conjoint n’est pas anxieux ou n’est pas devenu plus anxieux depuis qu’il est atteint de démence). L’examinateur note alors ‘ne s’applique pas’ (NSP) et passe à la section (on parle d’item) suivante .
NB L’examinateur coche la case NSP lorsque tel item est inadapté. (Par exemple si le malade est grabataire, il ne peut avoir de comportement moteur aberrant).
Les aidants estiment dans quelle mesure ces symptômes les affectent sur le plan psychologique, selon une échelle allant de 0 (aucune détresse) à 5 (très sévère):
Il a été en effet démontré que l’échelle de gravité (plus que la fréquence des symptômes) est fortement corrélée à la souffrance de l’aidant.
L’inventaire neuropsychiatrique est donc une échelle fiable pour dépister et évaluer les symptômes comportementaux, capable d’aider le médecin et les aidants à apprécier les comportements du patient atteint d’Alzheimer.
Il peut être utilisé dans le cadre d’un déplacement et d’évaluer les risques d’un voyage.
Troubles comportementaux et psychologiques | Points |
Idées délirantes (paranoïa) | De 1 à 16 |
Hallucinations | De 1 à 16 |
Agitation/agressivité | De 1 à 16 |
Dysphorie/dépression | De 1 à 16 |
Anxiété | De 1 à 4 |
Exaltation de l’humeur/euphorie | De 1 à 4 |
Apathie/Indifférence | De 1 à 4 |
Déshinibition | De 1 à 4 |
Irritabilité/instabilité de l’humeur | De 1 à 4 |
Comportement moteur aberrant | De 1 à 4 |
Troubles du sommeil | De 1 à 4 |
Troubles de l’appétit | De 1 à 4 |
Note maximale : |
La note finale à l’inventaire neuropsychiatrique est obtenue en additionnant les notes partielles se rapportant à chacun des 12 symptômes évalués. Chaque note partielle est calculée en multipliant la fréquence par la gravité. (Ex assez souvent et modéré=4)
Plus la note est élevée, plus les symptômes sont graves :
- Moins de 20: troubles légers
- De 20 à 50: troubles modérés
- Plus de 50 : troubles sévères
L’appréciation se fait selon la grille suivante
Notes | Fréquence | Gravité |
1 | Occasionnellement, moins d’une fois par semaine | Légère (le changement est notable mais non significatif) |
2 | Assez souvent, environ une fois par semaine | Modéré (le changement est significatif mais pas dramatique) |
3 | Fréquemment, plusieurs fois Sévère (le changement est par semaine mais pas très marqué) quotidiennement | |
4 | Très fréquemment, au moins une fois par jour | Pas de notation |
La gravité du trouble cognitive selon le score à l’inventaire neuropsychiatrique
Sur le même thème : Inventaire neuropsychiatrique – version équipe soignante (NPI-ES)