Le risque de mortalité liée aux antipsychotiques révisé à la hausse dans la démence

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L’effet des antipsychotiques sur la mortalité chez les patients atteints de démence est peut être plus important qu’on ne le pensait.




« Nos résultats suggèrent que l’utilisation de ces médicaments peut être associée à une augmentation de la mortalité et dont l’ampleur serait plus grande que celle rapportée précédemment, » déclare le Docteur Donovan Maust de l’Université du Michigan, (Etats-Unis), et principal auteur de l’étude.

Une méta-analyse précédente avait rapporté une augmentation du risque de mortalité de 1% pour 10 à 12 semaines de traitement avec un antipsychotique, comparé à un placebo.

Les chercheurs ont analysé des données provenant des dossiers médicaux électroniques de 90 786 patients âgés de 65 ans ou plus et qui avaient reçu un diagnostic de démence.

En tout, 46 008 patients ont reçu l’un des médicaments antipsychotiques suivants: l’halopéridol (Haldol, Ortho-McNeil-Janssen Pharmaceuticals, Inc), l’olanzapine (plusieurs marques), la rispéridone (Risperdal, Janssen Pharmaceuticals, Inc), la quétiapine (Seroquel, AstraZeneca Pharma LP), l’acide valproïque et ses dérivés anticonvulsivants et des antidépresseurs, à l’exception des antidépresseurs tricycliques et des inhibiteurs de la monoamine oxydase.

Comparés aux patients qui n’ont pas reçu un des médicaments étudiés, les patients traités à l’halopéridol présentaient le plus grand risque de mortalité (3,8%), suivi par la rispéridone (3,7%), l’olanzapine (2,5%) et la quétiapine (2,0%).

Comparé aux antidépresseurs, l’halopéridol possède le plus grand risque de mortalité, suivi de loin par la quétiapine (3,2%).

Globalement, les antipsychotiques dits atypiques (olanzapine, quétiapine et rispéridone) ont un risque de mortalité qui augmente avec la dose.

« Bien que les utilisateurs de médicaments antipsychotiques aient un risque de mortalité accru, l’utilisation de ces médicaments peut être cliniquement appropriée dans certains cas », déclare le Dr Maust.

Ces médicaments sont généralement utilisés pour traiter les comportements extrêmement pénibles et potentiellement dangereux. Les professionnels de santé et les membres de la famille peuvent estimer que l’utilisation est appropriée pour réduire la détresse psychologique du patient et traiter les symptômes comportementaux.

« Une façon de réduire le risque de mortalité aux antipsychotiques serait d’utiliser la dose efficace la plus faible », a t-il ajouté.

Un autre aspect important que l’étude met en évidence est le manque d’options d’alternatives thérapeutiques efficaces pour traiter la démence chez les personnes âgées.

« Il existe quelques options, et il est très important de mettre davantage l’accent sur les options non médicamenteuses, de former les membres de la famille et les soignants à être en mesure d’utiliser les thérapies comportementales, si possible, pour aider ces patients. »

Les auteurs prennent soin de reconnaître que ces données doivent être interprétées avec un grain de sel parce que ce sont des données d’observation qui ne proviennent pas d’un essai clinique randomisé.

Les auteurs prennent soin de préciser que ces médicaments sont souvent utilisés dans un contexte clinique difficile (le patient souffre) et qu’ils peuvent être utiles pour soulager cette souffrance et réduire le risque de préjudice que ces patients peut causer à eux-mêmes, aux membres de leur famille, ou aux professionnels de santé.

Source : Maust DT et coll. Antipsychotics, Other Psychotropics, and the Risk of Death in Patients With Dementia. JAMA Psychiatry. 2015;72(5):438-445.