Le lévétiracétam, un médicament contre l’épilepsie, est à l’étude pour un traiter éventuellement les patients atteints d’un déclin cognitif léger.
Une nouvelle étude montre que de faibles doses de lévétiracétam réduit la suractivation dans certaines régions de l’hippocampe qui ont reliées au déclin cognitif léger-amnésique et à l’amélioration de la mémoire chez les patients ayant des troubles cognitifs. Ces régions sont le gyrus denté (DG) et la corne d’Ammon 3 (CA3).
« Nous continuons à examiner cette région car elle pourrait être une cible de traitement, mais il faut auparavant réaliser d’autres études cliniques, » a déclaré l’un des auteurs de l’étude Michela Gallagher, professeur de psychologie et de neuroscience à l’Université Johns Hopkins de Baltimore (Etats-Unis).
Les études précédentes ont déterminé qu’une activité anormalement élevée du DG et de la corne d’Ammon 2 (CA2) est le signe d’un vieillissement du cerveau.
« On aurait pu s’attendre à l’inverse, c’est-à-dire à une baisse de l’activité de ces régions, mais cette hyperactivité est maintenant une caractéristique qui se produit d’une manière assez subtile chez l’homme vieillissant », poursuit-elle.
Cependant, chez les patients atteints d’un déficit cognitif léger de type amnésique, cette hyperactivité est encore plus importante, par rapport à des patients contrôle de même âge et qui n’ont pas de problème cognitif.
L’hypothèse est que appariés que l’hippocampe – la partie du cerveau impliquée dans la mémoire – travaille encore plus fort pour compenser les pertes de mémoire.
Les chercheurs ont également constaté que l’hyperactivité du gyrus denté (DG) et de la corne d’Ammon 3 est un signe avant-coureur d’un déclin de la mémoire chez l’homme. Plus ces zones sont hyperactivées, plus le risque de perte de mémoire est important.
Les chercheurs ont montré sur des modèles animaux que la mémoire pourrait être améliorée en réduisant cette hyperactivité.
Le Dr Gallagher et ses collègues ont mené une expérience chez des patients avec un déficit cognitif léger de type amnésique qui recevaient soit un placebo, soit du lévétiracétam (62,5-250 mg deux fois par jour) pendant 2 semaines.
Le lévétiracétam est un médicament utilisé pour contrôler les crises épileptiques à la dose quotidienne de 3000 mg.
Après le traitement, tous les participants ont passé un examen d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et ont effectué une tâche de mémoire. Durant cette tâche, les participants devaient regarder une série flux de photos et d’identifier si chacune d’entre elles étaient ou non une nouvelle photo. Des « leurres » sont insérés dans certaines photos afin de faire croire au participant qu’il les a vues avant, alors qu’en fait, elles sont légèrement différentes.
Une personne qui a une mémoire épisodique défaillante – et donc une hyperactive des régions DG et CA3 – ont du mal à distinguer deux situations ou deux objets légèrement différents.
L’analyse inclut 54 patients avec un déficit cognitif léger de type amnésique, âgés en moyenne de 71 ans, et 17 individus contrôles âgés en moyenne de 69 ans.
Les résultats ont montré que la dose la plus élevée de lévétiracétam (250 mg deux fois par jour) n’a pas eu un avantage significatif sur la performance de la tâche mnésique. En revanche, les doses plus faibles (62,5 et 125 mg deux fois par jour) ont à la fois réduit l’hyperactivation dans les régions DG / CA3, et amélioré la mémoire en réduisant les erreurs de jugement provoquées par les leurres.
Les résultats d’imagerie cérébrale ont également montré une amélioration de l’état du cortex entorhinal, qui fait partie du circuit de la mémoire et qui est le premier endroit dans le cerveau où les neurones commencent à mourir dans la maladie d’Alzheimer.
« Bien que de faibles doses de médicament antiépileptique semblent améliorer la mémoire chez les patients atteints de déficit cognitif léger, il peut ne pas fonctionner chez les patients ayant des pertes plus importantes de mémoire, comme cela est observé dans la maladie d’Alzheimer. »
« Une autre étude est prévue pour tester si la survenue de la maladie d’Alzheimer est bloquée si les patients atteints de déficit cognitif léger continuent de prendre le lévétiracétam à faible dose pendant 2 ans. Une version à libération prolongée du médicament est en cours d’élaboration et sera utilisé dans cette étude », a déclaré le Dr Gallagher.
Source : Bakker A, Albert MS, Krauss G, Speck CL, Gallagher M. Response of the medial temporal lobe network in amnestic mild cognitive impairment to therapeutic intervention assessed by fMRI and memory task performance. Neuroimage Clin. 2015 Feb 21;7:688-98.