Deux nouvelles études mettent en évidence une augmentation des effets secondaires d’analgésiques opioïdes couramment prescrits chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont également identifié un mécanisme qui pourrait causer le problème.
Dans un essai contrôlé randomisé mené auprès de 162 résidents de foyers de soins norvégiens, des chercheurs de l’Université d’Exeter, du King’s College de Londres et de l’Université de Bergen ont constaté une augmentation significative des effets secondaires tels que les changements de personnalité, la confusion et la sédation, qui peuvent avoir de graves répercussions sur la vie des personnes atteintes de démence.
L’équipe souhaite que des études soient menées pour examiner la posologie appropriée d’analgésiques (ex. buprénorphine) pour les personnes atteintes de démence.
Environ la moitié des personnes atteintes de démence qui vivent dans des foyers éprouvent une douleur.
Des recherches antérieures ont reconnu que la douleur est souvent sous-diagnostiquée et mal prise en charge chez les personnes atteintes de démence, ce qui a un impact sur la qualité de vie.
Après le paracétamol, les analgésiques à base d’opioïdes sont fréquemment le second choix de traitement pour les cliniciens chez les personnes atteintes de démence et sont prescrits à près de 40 % des personnes atteintes de démence vivant dans des foyers de soins.
Ils soulagent efficacement la douleur, mais les recommandations actuelles ne tiennent pas compte du fait que les personnes atteintes de démence obtiennent un soulagement notable de la douleur à partir de doses plus faibles que celles habituellement prescrites, et sont particulièrement sensibles aux effets indésirables.
L’équipe a étudié 162 personnes de 47 foyers de soins norvégiens qui souffraient de démence et de dépression. Chez ceux à qui la buprénorphine a été attribuée dans le cadre de leur traitement, les effets secondaires nocifs ont plus que triplé. Les chercheurs ont également constaté que ceux qui prenaient de la buprénorphine étaient significativement moins actifs pendant la journée.
Selon Clive Ballard, professeur à l’Université d’Exeter Medical School :
La douleur est un symptôme qui peut causer une énorme détresse et il est important que nous puissions soulager les personnes atteintes de démence. Lorsque nous essayons de soulager leur douleur, nous avons besoin de plus de recherches dans ce domaine, et nous devons trouver le bon traitement. Nous devons établir la meilleure voie de traitement et examiner la posologie appropriée pour les personnes atteintes de démence.
Il est important de noter que les recherches menées par l’équipe du professeur Ballard et présentées lors de la conférence internationale sur la maladie d’Alzheimer 2018 (AAIC) permettent de mieux comprendre pourquoi les personnes atteintes de démence sont plus sensibles aux analgésiques opioïdes, ce qui suggère qu’elles surproduisent les opioïdes naturels du corps.
Une seconde étude portant sur un modèle de souris Alzheimer a révélé une sensibilité accrue à la morphine (analgésique opioïde) par rapport aux souris saines. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont répondu à une dose beaucoup plus faible pour soulager la douleur et ont éprouvé plus d’effets indésirables lorsque la dose a été augmentée à un niveau normal. En regardant plus loin, l’étude a révélé que les souris Alzheimer produisaient plus d’endorphines (opioïdes endogènes naturels du corps).