L’agence américaine de santé américaine (Food and Drug Administration, FDA) a approuvé le médicament lecanemab, vendu sous le nom de marque Leqembi, dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.
Cette approbation a eu lieu début l2023, par le biais d’une « voie d’approbation accélérée ».
Cette voie accélère les traitements cliniques prometteurs pour les maladies pour lesquelles il n’existe pas d’autres options actuellement efficaces.
Le lecanemab est un anticorps monoclonal qui cible la bêta-amyloïde, une protéine naturelle qui devient toxique lorsqu’elle s’agglutine pour former les plaques caractéristiques qui s’accumulent dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Le médicament est administré par perfusion intraveineuse toutes les deux semaines.
Les anticorps sont des protéines circulant dans le sang et qui reconnaissent et neutralisent les substances présentes dans le corps qu’ils considèrent comme étrangères, telles que les bactéries et les virus.
Un anticorps monoclonal est produit en clonant ou en faisant une copie d’un seul globule blanc de sorte que tous les anticorps dérivés soient dérivés de la même cellule et se lient à une cible spécifique. Dans ce cas, le lecanemab se lie uniquement aux protéines bêta-amyloïdes.
Lecanemab se lie à une forme particulière de bêta-amyloïde lorsqu’elle s’agglutine, appelée protofibrille.
Des études suggèrent que c’est l’espèce d’amyloïde qui est la plus susceptible de jouer un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer.
Des essais antérieurs impliquant d’autres anticorps monoclonaux n’ont pas réussi à démontrer un effet bénéfique, peut-être parce qu’ils ciblaient des formes plus précoces d’amyloïde.
Le lecanemab : un traitement prometteur de la maladie d’Alzheimer ?
Une étude, publiée début janvier 2023, a rapporté les résultats d’un essai clinique de phase 3 qui incluaient1 795 participants, dont la moitié recevait du lecanemab et l’autre moitié non.
Le traitement par lecanemab a non seulement atteint tous ses objectifs cliniques, mais il a également réduit les quantités d’amyloïdes mesurées dans les tests d’imagerie et sanguins. Les chercheurs ont aussi constaté des réductions des niveaux de tau, la protéine responsable des enchevêtrements neurofibrillaires qui s’accumulent à l’intérieur des neurones chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
Une autre étude publiée fin en décembre 2022 a rapporté les résultats d’une étude de phase 2 avec 856 participants. Le traitement par lecanemab a également entraîné des réductions significatives de plaques amyloïdes lors des tests d’imagerie cérébrale et sanguins.
Les résultats des études
Après 18 mois de traitement dans l’étude de phase 3, le lecanemab a ralenti la progression de la maladie de 27 % par rapport au groupe témoin.
Par rapport à ceux qui n’ont pas reçu le traitement, les participants traités par lecanemab ont également montré une amélioration de 26 % aux tests cognitifs et un déclin plus lent dans les activités quotidiennes.
L’étude a aussi rapporté une réduction marquée de la quantité d’amyloïde dans le cerveau chezceux qui ont reçu le traitement.
Ces résultats sont parmi les effets les plus importants jamais observés dans un essai clinique sur la maladie d’Alzheimer.
Bien qu’ils ne guérissent pas, ils donnent l’espoir qu’en ralentissant considérablement le déclin physique, cognitif et fonctionnel tout en éliminant l’amyloïde, l’évolution de la maladie pourrait être modifiée pour donner aux patients une meilleure qualité de vie.
Il est important de rappeler que l’essai n’a été réalisé que sur 18 mois. Par conséquent, les bénéfices à long terme du lecanemab ne sont pas connus.
Bien que le lecanemab ait montré des avantages évidents, il s’accompagne également d’effets indésirables potentiels notables qui doivent être étudiés.
Dans l’essai clinique de phase 3, sur les 1 795 participants, 12,6 % prenant du lécanemab ont présenté un gonflement du cerveau à l’IRM, contre 1,7 % de ceux qui ont reçu le placebo. Dans l’ensemble, seuls 2,8 % des participants ont présenté des symptômes, principalement des maux de tête.
De plus, 17,3 % de ceux qui ont reçu du lecanemab ont eu de petites hémorragies du cerveau observés à l’IRM, contre 9 % dans le groupe placebo.
Le lecanemab diffère-t-il d’autres traitements ?
Les traitements de la maladie d’Alzheimer actuellement disponibles – qui comprennent le donépézil, la rivastigmine, la galantamine et la mémantine – traitent principalement les symptômes. Ils ne s’attaquent pas aux mécanismes sous-jacents et présentent des avantages cliniques modestes.
Un médicament qui traite la maladie, l’aducanumab, vendu sous le nom de marque Aduhelm, a été approuvé par la FDA en 2021 selon le même processus accéléré que le lecanemab. Mais il n’est pas devenu largement utilisé en raison de la controverse sur son efficacité et son prix
Le lecanemab n’a pas été étudié et n’a pas été approuvé pour les personnes atteintes de stades modérés ou sévères de la maladie d’Alzheimer.
Bien que le lecanemab ait reçu l’approbation de la FDA, il faudra plusieurs mois – du moins aux États-Unis – avant qu’il ne soit disponible pour une utilisation clinique.