Une augmentation du risque de démence a été montrée chez les adultes atteints de TDAH, qui peut même être transmis à travers plusieurs générations dans une même famille.
La démence est l’une des principales causes d’incapacité et de décès, se manifestant par des problèmes cognitifs et des difficultés dans la vie quotidienne. En 2022, il y avait environ 6,5 millions de personnes âgées de plus de 65 ans atteintes de démence aux États-Unis, nombre qui devrait augmenter pour atteindre 13,8 millions d’ici à 2060.
Bien qu’il ait été initialement identifié comme un trouble du développement neurologique chez l’enfant, le TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) peut persister à l’âge adulte dans environ 5 % des cas, ce qui représente environ 3 % de la population adulte atteinte de TDAH.
En général, les caractéristiques de ce syndrome diffèrent entre les adultes et les enfants, tant sur le plan social que psychologique et génétique.
On a observé une augmentation du risque de démence chez les adultes atteints de TDAH, qui peut même être transmis à travers plusieurs générations dans une même famille ; cela semble affecter plus fréquemment les hommes que les femmes.
L’utilisation de médicaments stimulants pour traiter le TDAH pourrait également modifier l’évolution des troubles cognitifs. Cependant, cette association n’est pas encore bien définie, car il existe de nombreux risques de biais dans ces études.
Une recherche prospective visant à étudier le lien entre le TDAH et le risque de démence
Une étude a été menée pour comprendre plus précisément les liens entre le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez l’adulte et le risque de démence. Les données ont été recueillies auprès d’une cohorte prospective nationale de membres d’un système de santé en Israël. Les participants, âgés de 51 à 70 ans au début de l’étude en janvier 2003, ont été suivis jusqu’au 28 février 2020 et devaient être exempts de démence. La prévalence globale estimée des troubles démentiels dans cette cohorte était de 6,6%, un taux similaire à celui rapporté en Europe occidentale (6,9%) et aux États-Unis (6,5%).
De nombreux facteurs perturbateurs, tels que l’âge, le sexe, le statut socio-économique, le tabagisme éventuel, les comorbidités et la prise de médicaments psychostimulants pour traiter le TDAH éventuellement, ont été pris en compte dans cette étude.
Au cours des 17 dernières années, plus de 100 000 participants ont été étudiés.
L’étude a inclus 109 218 participants avec un âge moyen de 57,7 ans et une majorité de femmes (51,7%). Le suivi moyen a duré 17,2 ans. Durant cette période, le taux d’incidence de démence était de 13,2% (96/730) chez les personnes atteintes du TDAH adulte par rapport à 7,0% (7630/108 488) chez celles sans TDAH.
En termes d’incidence pour 10 000 personnes-années, le risque était estimé à 5,19 pour les personnes atteintes du TDAH contre 1,44 pour celles sans TDAH. À l’âge de 85 ans, la prévalence de démence était plus élevée (43%) chez les personnes atteintes du TDAH que chez celles sans la pathologie (15%)
Une étude a montré que les sujets atteints de TDAH avaient un risque significativement plus élevé de démence, avec des pourcentages de 1,6 % contre 0,5 % chez les non-TDAH à l’âge de 60 ans. Même après ajustement, le risque reste élevé (+127 %).
Une baisse de la réserve cognitive ?
Plusieurs explications peuvent être avancées pour expliquer pourquoi les psychostimulants ne sont pas clairement associés à un risque accru de démence. Dans cette cohorte, l’utilisation de ces médicaments était relativement rare (22,3%), ce qui pourrait entraîner une sous-estimation des résultats.
Il est donc nécessaire d’effectuer des travaux supplémentaires sur cette question. De plus, il convient de souligner plusieurs limites. Les troubles du déficit de l’attention et de l’hyperactivité chez l’adulte sont différents de ceux chez l’enfant, bien qu’il soit possible qu’il existe un continuum entre ces pathologies. Leur fréquence a peut-être été sous-estimée chez les adultes.
En somme, cette étude s’appuie sur les données de 109 218 participants pendant près de 17 ans et après avoir pris en compte plusieurs facteurs confondants potentiels pour montrer qu’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez l’adulte pourrait être lié à un risque accru de survenue de démence, multiplié par près de 3. Cela met en évidence la nécessité pour les autorités sanitaires, les cliniciens et les soignants de surveiller attentivement l’évolution du TDAH chez les adultes et les personnes âgées.