Alors qu’indice de masse corporelle (IMC) plus élevé vers la quarantaine est considéré comme un facteur de risque de maladie d’Alzheimer, un faible IMC et une perte de poids accélérée est associée à un risque accru d’Alzheimer.
Le fait d’avoir un poids plus faible que la normale est lié à un risque accru de maladie d’Alzheimer, selon une étude portant sur 280 personnes en bonne santé.
Les participants, âgées de 62 à 90 ans, ont suivi des examens physiques, des tests génétiques et des scans du cerveau.
Les chercheurs ont constaté un lien entre un faible poids et les dépôts plus importants de protéine bêta-amyloïde dans le cerveau – un phénomène liée à un risque accru de maladie d’Alzheimer.
Ce lien était particulièrement fort chez les personnes porteuses de la variante du gène APOE4, qui est connue pour augmenter le risque de la maladie d’Alzheimer.
« La présence élevée d’’amyloïde dans le cortex est censée être la première étape d’une forme préclinique de la maladie d’Alzheimer, c’est-à-dire à un stade au cours duquel les symptômes ne sont pas encore présents. Nos résultats suggèrent que les individus qui ont un plus faible que la normale peuvent être plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer », déclare l’auteur principal de l’étude.
L’association observée dans l’étude ne prouve pas qu’il y a une relation de cause à effet. Pour expliquer ce lien, il est probable qu’un faible indice de masse corporelle soit un indicateur de fragilité – un syndrome comprenant à la fois une perte de poids, des mouvements plus lents et une diminution de la force connus pour être associés à un risque accru de maladie d’Alzheimer.
Source: G. Marshall. Journal of Alzheimer’s Disease. Août 2016
Ces résultats rejoignent ceux publiés la même année et qui suggéraient qu’une augmentation de la perte de poids (entre 40-65 ans) et un âge avancé permettrait d’identifier les personnes à risque de développer un déficit cognitif léger.
Alors que plusieurs études ont montré que la perte de poids est associée à la démence, les chercheurs ont voulu voir si elle était également associée à une perte cognitive.
Les résultats de cette étude publiée dans la revue Jama Neurology rapportent une relation entre les deux phénomènes, sans pour autant conclure à un lien de cause à effet. Il est donc difficile de formuler des recommandations spécifiques sur la base de ces résultats.
Cependant, les chercheurs estiment que si un patient plus âgé a une perte de poids inexpliquée, il serait opportun de faire un suivi de ses fonctions cognitives et de le conseiller de changer de style de vie (par l’alimentation saine et de l’activité physique) pour les préserver.
Les chercheurs ont suivi 1895 participants âgés de 70 ans et plus et sans troubles cognitifs. Leurs fonctions cognitives ont été évaluées tous les 15 mois pendant en moyenne plus de 4 ans. Ils ont également obtenu rétrospectivement leur poids maximal. Au cours de la période de suivi, 524 des 1895 personnes ont développé un trouble cognitif léger.
La perte de poids était en moyenne plus grande chez les participants qui ont développé un déficit cognitif léger (-2,0 kg) que chez ceux qui n’ont pas développé de troubles (-1,2 kg).
Selon les calculs statistiques, une perte de poids de 5 kg par décennie correspond à une augmentation de 24% du risque de perte des fonctions cognitives.
Les auteurs notent qu’il n’a pas été possible de déterminer si la perte de poids était intentionnelle ou non.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer les résultats :
- Quand les gens vieillissent, ils mangent moins. Il est possible qu’une molécule présente dans le cerveau – par exemple une hormone – et qui régule l’appétit est modifiée avec le vieillissement et peut également influer sur la cognition.
- Une autre possibilité est que ce lien peut être lié à l’odorat. Les gens qui vieillissent perdent en général le sens de l’odorat, ce qui les incite à moins manger. Or la perte de l’odorat est également associée à la maladie d’Alzheimer et il est possible que les régions contrôlant l’odorat soient touchées au stade précoce de la maladie d’Alzheimer.
Une étude publiée dix ans plus tôt dans Archives of Neurology rapportait également une perte de poids accélérée (de 0,2 à 0,5 kg par an) dans le groupe de participants qui ont développé une démence, comparés à ceux qui n’ont pas eu de démence. Cette perte de poids n’a pas été détectée lors des cinq premières années de suivi, mais seulement l’année précédent le diagnostic. L’auteur principal de l’étude souligne cependant que :
Cette perte de poids ne peut constituer à elle seul un indicateur fiable de détection précoce mais doit s’ajouter à d’autres marqueurs de dépistage.
Sources
Rabe E. Alhurani et coll. Decline in Weight and Incident Mild Cognitive Impairment. JAMA Neurology. 1er février 2016.
Johnson DK, Wilkins CH, Morris JC. Accelerated weight loss may precede
diagnosis in Alzheimer disease. Arch Neurol. 2006 Sep;63(9):1312-7.
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