Nous faisons souvent, de nos trous de mémoire, un sujet de plaisanterie. Derrière celle-ci se cache probablement notre crainte que ces petits oublis soient les prémices de la maladie d’Alzheimer. La plupart du temps, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Il est tout à fait normal que les fonctions mnésiques changent avec l’âge et que nous oubliions des choses auxquelles nous n’avons pas porté attention dans une société où nous sommes appelés à exécuter simultanément plusieurs tâches, au travail comme à la maison. Reste à savoir ce que nous pouvons pour empêcher la détérioration de la mémoire ou améliorer son efficacité.
Contrairement à la croyance populaire, les cellules du cerveau ne meurent pas avec l’âge sans être remplacées. De nouvelles cellules se développent quand les neurotrophines (molécules stimulant la croissance) viennent nourrir les dendrites et les synapses situées dans l’hippocampe, zone du cerveau très importante pour la mémoire. Ce phénomène a plus de chances d’avoir lieu si tous les différents sens (vue, ouïe, odorat, goût et toucher) sont intensément stimulés.
Le cerveau est faiblement stimulé lorsque ce sont les mêmes voies qui sont utilisées de manière répétée; comme dans le cas de tâches routinières. Des études scientifiques ont montré que l’aptitude à résoudre un problème, ainsi que la performance dans les tâches faisant appel à la mémoire, s’améliorent quand le cerveau est confronté à des situations nouvelles et difficiles. Nous sommes fortement portés à nous servir essentiellement de notre vue et de notre ouïe. L’utilisation des autres sens – toucher, goût et odorat – deviendra plus facile et plus naturelle lorsque des connections seront nouvellement établies entre les neurones.
A partir de ce constat, Katz et Rubin [1] ont mis au point des exercices pour améliorer la mémoire. Ils conseillent par exemple d’ouvrir la porte avec sa clef les yeux fermés, rentrer à tâtons, accrocher son manteau dans le placard en utilisant le sens du toucher; ou encore de se brosser les dents avec la main non dominante, tout cela dans le but de créer de nouvelles connections dans le cerveau.
L’activité intellectuelle, tels que l’apprentissage d’une nouvelle langue ou d’un nouvel instrument de musique, les échecs, le bridge ou les mots-croisés, contribue au maintient de la santé mentale [2].
Depuis l’Antiquité, on sait qu’un esprit sain vit dans un corps sain (mens sana in corpore sano). Une activité physique notable, une alimentation saine et une bonne gestion du stress sont des conditions d’une bonne santé cérébrale qui nous mènera vers l’âge d’or de la vieillesse.
L’exercice physique améliorant la circulation sanguine et par conséquent la quantité d’oxygène dans le cerveau, stimule les dendrites et les synapses des neurones.
Une alimentation saine fournissant au corps et au cerveau la quantité nécessaire de nutriments est également très importante.
Nous pouvons remédier au stress de la vie quotidienne par des exercices de relaxation, de méditation, de yoga… toutes habitudes qui contribuent à protéger notre cerveau des pertes de mémoire.
Hildegard Brack, Ph.D.
Notes
1 Katz, L.C. and M. Rubin (1999). Keep your brain alive – 83 neurobic exercises to help prevent memory loss and increase mental fitness, Workman Publishing Company: New York.
2 Verghese J. et al. (2003). Leisure Activities and the Risk of Dementia in the Elderly. New England Journal of Medicine, 348: 2508-2516.
Pour approfondir ces notions, vous pouvez vous reporter aux articles suivants:
- Maladie d’Alzheimer ou simple oubli ?
- Comment fonctionne le neurone ?
- Quel est le rôle de l’aire de la mémoire ?