Conduite automobile

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Lorsque les personnes âgées cessent de conduire, leur santé devient plus fragile 

Les personnes âgées qui abandonnent la conduite peuvent voir leur état physique et mental décliner.

L’examen de 16 études scientifiques a révélé que les personnes âgées ont tendance à être en moins bonne santé après avoir cessé de conduire. Ils ont notamment tendance à être plus dépressifs.

Selon eux, il est probable qu’il y ait un cercle vicieux : aggravation de la santé, problèmes de vision, limitations des capacités physiques, déclin de la mémoire et du jugement. Ces conditions poussent les gens âgés à cesser de conduire, ce qui peut accélérer à son tour leur déclin physique et cognitif.

« Ceci est une question très complexe », a déclaré le chercheur principal (Dr Guohua Li, Université de Columbia, New York City).

D’une part, les conducteurs âgés ont besoin d’aptitudes physiques et mentales nécessaires pour être en sécurité derrière le volant. Et à un moment donné, beaucoup doivent renoncer à conduire.

D’autre part, cette décision a des conséquences importantes, déclare le chercheur. Les personnes âgées qui arrêtent la conduite peuvent se sentir isolées, ce qui pourrait conduire à une dépression. Ils peuvent aussi devenir moins actifs physiquement, ce qui peut exacerber les problèmes de santé physique.

« Il y a un équilibre sensible. Les avantages et les inconvénients de ne pas conduire doivent être pesés au cas par cas. »

La revue, publiée en ligne dans le Journal of the American Geriatrics Society, examiné16 études qui ont comparé les personnes âgées qui avaient cessé de conduire avec celles qui sont encore sur la route.

Cinq des seize études ont porté sur les symptômes de la dépression. Dans l’ensemble, les adultes plus âgés étaient deux fois plus susceptibles de voir apparaître ou s’aggraver des symptômes dépressifs quand ils cessaient de conduire.

Mais les effets sur la santé étaient en fait plus vastes que cela.

D’autres études ont en effet montré que les conducteurs qui abandonnaient la conduite fonctionnaient moins bien physiquement et mentalement, avec en particulier une baisse de leur capacité mnésique.

Ceux qui ont renoncé à la conduite étaient également plus susceptibles de mourir au cours des 5 prochaines années, par rapport à ceux qui continuaient à rouler.

« On considère que les conducteurs âgés sont dangereux », a déclaré Betz, professeur de médecine d’urgence à l’Université du Colorado School of Medicine.

« Les personnes âgées et leurs familles peuvent réfléchir à des moyens pour limiter la conduite », poursuit-il.

« Ils peuvent par exemple éviter de conduire la nuit, ou sur des routes très fréquentées pendant les heures de pointe, ou dans d’autres situations qui peut être déroutantes. »

De nombreuses personnes âgées finissent par renoncer à la conduite, et se tournent vers des alternatives telles que des promenades en famille, le bus et le taxi.

Source : Chihuri S. et coll. Driving Cessation and Health Outcomes in Older Adults, Journal of the American Geriatrics Society, janvier 2016.

Conduite chez les personnes âgées : l’importance d’être physiquement en forme

Les tests d’aptitudes physiques, tels ceux qui évaluent l’équilibre et la force, donnent une idée sur la façon dont un conducteur âgé se comportera sur la route.

Parmi les facteurs qui rendent la conduite plus dangereuse, on retrouve une faiblesse des membres inférieurs, une mauvaise flexibilité du cou, ainsi qu’un temps de réaction plus lent.

« Beaucoup d’études ont évalué l’impact des fonctions cognitives et visuelles sur la sécurité au volant, mais peu de travaux ont jusqu’ici examiné la fonction physique et sa relation à la conduite », a déclaré Philippe Lacherez, un chercheur post-doctoral à l’Université de Queensland (États-Unis).

Lacherez et ses collègues ont fait passer à 270 personnes âgées de 70 et 88 ans une batterie de tests physiques pour mesurer leur force, leur souplesse, leur équilibre, leur temps de réaction et leur perception sensorielle. Ensuite, leur aptitude au volant a été évaluée.

Ces résultats, bien que préliminaires, suggèrent qu’il existe des moyens pour s’assurer que les conducteurs âgés conduisent de manière sûre.

Source: Journals of Gerontology, octobre 2013.

Un programme d’entraînement adapté peut assurer une meilleure maîtrise de son véhicule

La conduite automobile est une tâche complexe requérant des habiletés visuelles, motrices et cognitives. Certaines conditions de santé peuvent altérer les capacités à conduire une voiture de façon sûre. Il est établi également que le vieillissement se caractérise par une dégénérescence progressive des systèmes moteurs, sensoriels et cognitifs associés à la conduite. Le nombre de conducteurs âgés de 65 ans et plus a considérablement augmenté et, parallèlement, le nombre d’accidents par collision dans lesquels ils sont impliqués s’est accru d’environ 13% durant les trente dernières années. Aux facteurs de risque bien connus (âge, vision déficiente, allongement du temps de réaction, déclin clinique et des capacités physiques), s’ajoutent l’effet possible de maladies comme le diabète et les troubles cardiovasculaires, ainsi que les effets secondaires de certains médicaments (ex. benzodiazépines).

Une étude a évalué l’efficacité de programmes d’entraînement cognitif (ACTIVE pour Advanced Cognitive Training for Independent and Vital Elderly) sur près d’un millier de conducteurs sains âgés de 65 ans et plus, ayant parcouru une distance d’au moins 16 000 kms par an. Ils ont ensuite été suivis durant une période de trois ans. Ces conducteurs ont été répartis en quatre groupes correspondant à quatres types de programme d’entraînement. Chaque programme comporte une dizaine de séances d’exercices d’environ 90 minutes.

Groupe contrôle: groupe ne bénéficiant d’aucun entraînement.
Groupe 1: Programme d’entraînement stimulant la mémoire en utilisant des stratégies favorisant les associations mots-images.
Groupe 2: programme d’entraînement stimulant le raisonnement en complétant de façon logique des séries de lettres et/ou de mots et en élaborant un itinéraire de voyage.
Groupe 3: programme d’entraînement stimulant la rapidité de réaction par l’identification d’un objet apparaissant sur un écran d’ordinateur accompagné de distracteurs de plus en plus nombreux.

Résultats
Parmi le millier de participants, 12% ont eu un seul accident et 3% ont eu plus d’un accident. Pour 11% d’entre eux, ils étaient responsables d’un accident et pour 2% responsables de plus d’un accident. De façon générale, 85% des conducteurs n’ont pas eu d’accident, 12% ont eu un seul accident et 3% ont eu plus d’un accident.

Le programme d’entraînement du raisonnement (groupe 2) et de la rapidité de réaction (groupe 3) réduit environ de moitié le nombre d’accidents, quel que soit le sexe, le niveau d’éducation, le statut social, et l’état physique. En revanche, le programme d’entraînement de la mémoire (groupe 1) n’a pas d’effet bénéfique significatif.

Cette étude confirme les résultats obtenus au cours de multiples autres travaux sur les bénéfices de la stimulation cognitive chez les personnes âgées. Au delà de la santé mentale, cette stimulation aurait évidemment aussi un effet sur le maintien de la santé corporelle et sur la qualité de vie.

Source: Journal of American Geriatrics Society (2010;58:2107-2113).

Les troubles cognitifs augmentent le risque d’accidents

La présence d’altérations cognitives expose le malade à des accidents de la route. Il doit donc impérativement s’arrêter de conduire. D’autres mesures doivent être prises pour éviter les accidents domestiques (blessures avec des instruments tranchants, absorption de produits toxiques, gazinière allumée). Il est aussi important de ne pas prescrire de médicaments (ou d’arrêter de les prescrire) susceptibles d’aggraver l’altération des fonctions cognitives.

Voici pour rappel une liste de médicaments pouvant entraînés ou aggraver des troubles cognitifs et comportementaux:
– Médicaments avec des effets anticholinergiques tels que des antiparkinsoniens (ex. amantadine).
– Anti-épileptiques (ex. phénobarbital).
– Antidépresseurs tricycliques (confusion, désorientation, délire).
– Hypnotiques (ou somnifères).
– Antihistaminiques.
– Antihypertenseurs centraux.
– Benzodiazépines (traitement supérieur à un mois).
– Sevrage aux benzodiazépines.
– Cimétidine (un antihistaminique pouvant provoquer un état confusionnel, spécialement chez les sujets âgés et en cas d’insuffisance rénale sévère).
– Corticoides.
– Digitaliques.
– Isoniazide (antibiotique pouvant provoquer une confusion).
– Lithium (régulateur de l’humeur pouvant provoquer une confusion et une perte de mémoire).
– Myorelaxants (ex. baclofène; provoquent de rares troubles telles que des hallucinations, une euphorie et une confusion mentale).
– Antipsychotiques (confusion, troubles de mémoire).
– Opiacés (morphine).
– Quinidine (troubles visuels ou auditifs).
– Théophylline.
– Abus d’alcool (ou sevrage à l’alcool).