La luminothérapie est un traitement consistant à exposer les yeux à une lumière dans le but de réduire les troubles de l’humeur et du sommeil.
- Les patients souffrant de la maladie Alzheimer ou d’une autre forme de démence passent environ 40% de leur nuit éveillés et une grande partie du jour endormis.
- Les troubles du sommeil finissent par devenir un fardeau pour les aidants familiaux et sont la principale cause d’institutionnalisation.
- Il a été démontré scientifiquement que la luminothérapie améliore la vie des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer : amélioration du sommeil, diminution des symptômes dépressifs et de l’agitation.
Une exposition légère à la lumière améliore le sommeil et diminue la dépression et l’agitation
Une étude confirme la luminothérapie – approche destinée à restaurer le rythme circadien – diminue certains troubles comportementaux observés chez la personne Alzheimer.
Elle augmente la qualité et la durée du sommeil et diminue la dépression et l’agitation.
« C’est un traitement non pharmacologique simple et peu onéreux capable d’améliorer le comportement et le sommeil dans la maladie d’Alzheimer’ déclare l’auteur principal de l’étude ».
Ces améliorations sont impressionnantes.
Une lumière d’une intensité légère de 300 à 400 lux a été installée dans les chambres des patients. Ces dernières étaient éclairées durant les heures de la journée pendant une période de quatre semaines.
L’étude pilote a impliqué 14 patients Alzheimer.
En 2012, une étude américaine publiée dans Journal of Nursing Research indiquaient que les séances de luminothérapie, visant à pallier le manque d’ensoleillement, améliorent l’humeur générale des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont suivi 20 femmes de plus de 65 ans souffrant de la maladie d’Alzheimer, dont une partie a bénéficié de séances de luminothérapie, alors que l’autre groupe n’a été exposé qu’à une lumière rouge.
Les auteurs ont non seulement noté une amélioration générale de leur humeur mais aussi une meilleure expression orale et une amélioration de la coordination motrice. Il sera nécessaire de confirmer ces résultats sur un échantillon plus important.
Cette étude corrobore l’hypothèse selon laquelle la luminothérapie réduit les troubles du sommeil, et par voie de conséquence ceux de l’anxiété et du comportement (agitation, agressivité voire hallucinations) chez les patients souffrant de maladie d’Alzheimer.
La luminothérapie diminue les troubles cognitifs et comportementaux
Une exposition régulière à une lumière durant la journée atténue les symptômes cognitifs et comportementaux, ainsi que l’activité fonctionnelle de patients atteints de démence.
C’est ce qu’indique une étude publiée en 2008 dans le Journal of the American Medical Association.
En revanche, la mélatonine a un effet contrasté puisqu’elle améliore la qualité du sommeil, mais aggrave les symptômes dépressifs.
Ces résultants suggèrent que la luminothérapie (combinée à la mélatonine) peut atténuer les troubles du rythme circadien, dont le centre de contrôle se trouve dans une structure du cerveau appelée noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus. Ce trouble du rythme circadien peut être à l’origine, du moins en partie, des troubles cognitifs, comportementaux, dépressifs, et du sommeil.
Caractéristiques de l’étude
Cette étude a été réalisée sur 189 patients répartis au hasard en 4 quatre groupes: un groupe placebo (91 patients), un groupe recevant de la mélatonine (2,5 mg/jour au coucher), un groupe exposé durant la journée à une lumière artificielle (d’une intensité de 1000 lux environ versus 300 lux pour le groupe placebo) et un groupe traité à la fois à la mélatonine et exposé à la lumière artificielle.
Ces patients vivaient dans 12 établissements de soins aux Pays-Bas.
63% des patients étaient atteints de la maladie d’Alzheimer, 11% de démence vasculaire, et 13% de démence à corps de Lewy ou de démence fronto-temporale.
Age moyen des participants: 86 ans. 90% étaient des femmes.
La durée du traitement a été en moyenne de 15 mois avec une durée maximale de 3 ans et demi.
Les individus ont subi tous les six mois des tests évaluant leur status cognitif, humeur (dépression, anxiété), comportement (agitation, comportement de retrait), ainsi que les activités de la vie quotidienne. Les effets secondaires aux traitements ont également été évalués.
Le sommeil a été mesuré par actigraphie (technique d’enregistrement de l’alternance repos/activité).
La lumière était diffusée par l’intermédiaire d’ampoules fluorescentes (Philips TLD 840 and 940) placées aux plafonds des salons mis à la disposition des malades. Les malades traités par luminothérapie recevaient la lumière artificielle (d’une intensité de 1000 lux environ) entre 9hrs et 18hrs, alors que le groupe placebo était exposé à une lumière de 300 lux environ.
Résultats
Cognition
La luminothérapie atténue de 5% les déficits cognitifs évalués par le mini-examen de l’état mental (MMSE) par rapport au groupe placebo, ce qui représente une augmentation de 0,9 point sur l’échelle du MMSE. En revanche, elle n’atténue pas le déclin des fonctions cognitives (c’est-à-dire que la pente de déclin reste la même dans les deux groupes).
Humeur
La luminothérapie diminue les symptômes dépressifs de 19% (+1,5 point sur l’échelle de dépression de Cornell dans la démence).
La mélatonine aggrave quant à elle les symptômes dépressifs des patients. Les auteurs de l’étude émettent l’hypothèse que la dose quotidienne de mélatonine utilisée (2,5 mg) peut conduire à des niveaux diurnes supraphysiologiques, provoquant ainsi une dysphorie et une insomnie. En revanche, ses effets néfastes sur l’humeur disparaissent lorsque la mélatonine est associée à la luminothérapie.
Comportement
La mélatonine aggrave le comportement de retrait de 1 point sur l’échelle MOSES. La mélatonine combinée à la luminothérapie abaisse de 9% le comportement d’agitation des patients.
Activités de la vie quotidienne
La luminothérapie augmente les activités fonctionnelles de la vie quotidienne de 53% par rapport au groupe placebo (+1,8 points/année sur l’echelle Nurse-informant activities of daily living scale).
Sommeil
Comparées au placebo, la luminothérapie et la mélatonine ont des effets bénéfiques sur les différents paramètres du sommeil.
La mélatonine a un effet bénéfique sur le sommeil, diminuant le délai d’endormissement de 8 minutes (versus placebo), augmentant la durée de sommeil de 27 minutes ainsi que la durée moyenne des périodes de sommeil ininterrompues (+5,8 minutes).
Combinée avec la luminothérapie, la mélatonine améliore la durée du sommeil (+37 min) et la qualité du sommeil de 3,5%, réduit les périodes d’agitations (1 min par heure et par an) et de réveils noctures (0,5 minute par an). Ces effets bénéfiques augmentent avec la durée du traitement.
La qualité du sommeil (temps de sommeil / temps passé au lit) se situe entre 75% et 80% chez les patients traités à la lumière + mélatonine, versus 70-78% chez le groupe placebo.
Effets secondaires
La luminothérapie diminue l’apparition des effets secondaires observés généralement chez les patients atteints de démence tels que l’irritabilité, vertiges, maux de tête, constipation et insomnie (compare avant traitement). Aucun effet secondaire grave n’a été rapporté par les médecins.
Conclusion
Une exposition à la lumière réduit les déficits cognitifs et fonctionnels des patients atteints de démence.
La mélatonine combinée à la luminothérapie améliore la qualité du sommeil, mais peut aggraver les troubles de l’humeur.
Les effets négatifs de la mélatonine sur les troubles de l’humeur et l’agitation sont compensés par la luminothérapie.
Références
Figueiro MG. Light, sleep and circadian rhythms in older adults with Alzheimer’s disease and related dementias. Neurodegener Dis Manag. 2017 Apr;7(2):119-145.
Hanford N, Figueiro M. Light therapy and Alzheimer’s disease and related dementia: past, present, and future. J Alzheimers Dis. 2013;33(4):913-22.
Light treatment improves sleep, depression, agitation in Alzheimer’s. American Academy of Sleep Medicine. Juin 2014.
Effect of Bright Light and Melatonin on Cognitive and Noncognitive Function in Elderly Residents of Group Care Facilities. A Randomized Controlled Trial. Rixt F et coll. JAMA. 2008;299:2642-2655.