La rééducation auditive à l’aide d’implants cochléaires améliore la fonction cognitive chez les patients âgés, selon une nouvelle étude.
Les chercheurs ont aussi constaté une amélioration de l’attention, la fonction exécutive, et la mémoire à long terme chez les patients qui avaient une baisse anormale de ces fonctions avant l’implantation.
Les implants pourraient améliorer la cognition en rétablissant la communication, en améliorant les interactions sociales et donc l’humeur, ou par le biais de séances d’orthophonie qui font généralement suite à l’implantation, a déclaré Dre Isabelle Mosnier, MD, auteure principale de l’étude et otorhinolaryngologiste à l’Hôpital de la Pitié-Salpétrière (Paris, France).
« L’étude démontre l’importance de la rééducation de l’audition chez les patients âgés et suggère que cela pourrait retarder la démence ainsi que sa progression.»
Le docteur souligne que l’implantation cochléaire est une procédure sûre qui n’a pas de limite d’âge. Les patients doivent bénéficier de cette option dès qu’ils cessent de percevoir une prestation de prothèses auditives (NDLR du moins en France).
La perte d’audition est liée à la démence. Les études démontrent que les personnes de plus de 65 ans ayant une perte légère, modérée et sévère perte quintuple leur risque de démence. L’impact des appareils auditifs sur la cognition est peu connu, avec seulement six études publiées et des résultats divergents.
L’étude publiée par le Dre Mosnier inclut 94 patients âgés de 65 ans à 85 ans qui étaient sourds des deux oreilles depuis 9 ans au plus tard. Aucun n’a présenté de signes de la maladie d’Alzheimer.
Parmi ces patients, 50 ont reçu un implant dans l’oreille droite, 43 dans l’oreille gauche, et 1 patient sur les deux oreilles.
Les six tests d’évaluation cognitive (en particulier des tests de mémoire) ont été réalisés avant l’implantation et 6 et 12 mois après l’activation.
Avant l’implantation cochléaire, 25% des participants avaient des scores normaux aux tests cognitifs, 31% avaient un résultat anormalement bas à un des six tests et 44% avaient des résultats anormalement bas à au moins deux des six tests.
Sur les 87 participants ayant bénéficié d’une implantation, le pourcentage de patients ayant des résultats normaux aux tests cognitifs a augmenté de 40% après 12 mois. A l’inverse, ceux qui avaient eu des résultats anormalement bas avant l’implantation a diminué signifiativement.
L’amélioration des performances cognitives a été observée sur la plupart des tests.
L’étude a montré que, dans un environnement calme, la perception de la parole s’est nettement améliorée 6 mois après l’implantation cochléaire et a continué à s’améliorer jusqu’à un an. Cet effet bénéfique était cependant moins net lorsque l’environnement était bruyant.
L’amélioration de la perception de la parole peut expliquer les meilleures capacités cognitives, comme pourrait le faire l’entraînement cognitif, poursuit l’auteure.
La qualité de vie, ainsi que la perception du son, la production de la parole, l’estime de soi et les interactions sociales se sont améliorées.
Le taux de dépression a également diminué, avec une baisse de 76% (59 % des patients avaient déclaré n’être pas déprimés avant l’implantation cochléaire).
« Les patients sourds sont isolés, avec de faibles moyens de communication et, par conséquent, ils peuvent avoir des symptômes de dépression, » a déclaré le Dr Mosnier.
Bien que les résultats suggèrent que les implants cochléaires retardent les troubles de la cognition, une évaluation à long terme est nécessaire. Les chercheurs ont recueilli des données de suivi sur 5 ans, ce qui permettra une telle évaluation.
Quelques questions restent en suspens, notamment celle de savoir si la qualité du son avec l’implant cochléaire était supérieure à celle d’un appareil auditif.
Source: D. Mosnier et coll.Improvement of Cognitive Function After Cochlear Implantation in Elderly Patients. JAMA Otolaryngol Head Neck Surg, May 2015, Vol 141, No. 5.