L’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’accident ischémique transitoire (AIT) sont des maladies vasculaires cérébrales bien connues.
Elles entraînent un risque accru de démence (maladie d’Alzheimer, démence vasculaire).
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Cependant, les résultats d’études neuropathologiques et le développement de techniques sophistiquées d’imagerie cérébrale -en particulier l’imagerie par résonnance magnétique ou IRM- ont montré que l’infarctus silencieux de cerveau (que l’on appelera ISC) peut également causer des dommages vasculaires cérébraux sans pour autant provoquer d’AVC ou d’AIT.
Ces infarctus sont qualifiés de silencieux car ils ne provoquent pas de symptômes. Cependant, ils ont un impact négatif sur la santé physique et mentale de la personne âgée et ne sont pas une simple conséquence du vieillissement. Ils exigent donc une grande attention de la part de la communauté médicale.
Détection des ISC
L’IRM présente une meilleure sensibilité que la tomographie par émission de positons pour détecter les ISC, car elle utilise des aimants plus puissants et des coupes de cerveau plus minces.
La plupart des études considèrent qu’un infarctus provoque une lésion de 3 millimètres ou plus. La plupart de ces infarctus sont lacunaires, c’est-a-dire qu’ils prennent la forme d’une petite cavité qui se développe après que le tissu nécrotique (formé de cellules mortes) se résorbe.
Infarctus silencieux lacunaire (flèche rouge) touchant la région cérébrale (appelée thalamus) de l’hémisphère droit (coupe horizontale de cerveau)
Le médecin interroge le patient afin de savoir si celui-ci a des antécédents d’AVC ou d’AIT, et consulte éventuellement son dossier médical.
Les résultats du scanner sont ensuite analysés par un spécialiste (neurologue) en tenant compte des antécédents du patients.
Fréquence des ISC
L’incidence et la prévalence de l’ISC varient considérablement selon la population étudiée, la technique d’imagerie utilisée, et la définition donnée dans chaque pays.
La prévalence globale varie de 8% à 28%. Elle est jusqu’à cinq fois plus élevée que celle des AVC.
Deux études indiquent que les femmes sont plus touchées (de 30 à 40%) que les hommes. Cette observation doit être confirmée, d’autant plus ces études ont été réalisées auprès de populations vivant dans des pays industrialisés et à majorité de race blanche.
Les ISC sont fréquents parmi les patients souffrant de maladies cardiovasculaires : ces infarctus sont observés chez 25 à 50% de ces patients.
Voici un résumé de la prévalence (entre parenthèses) des ISC chez différentes catégories de patients (âge moyen 58-73 ans).
– AVC (57%)
-Maladie coronarienne (32%)
– Facteurs de risque cardiovasculaires (39%)
– Sténose de la carotide (23%)
– Hypertension (43%)
– Diabète (38%)
– Maladie rénale chronique (51%)
– Démence (33%)
– Dépression sévère (46%)
L’incidence annuelle des ISC est de 3% chez la population âgée, selon deux larges études épidémiologiques. Elle atteint respectivement 19% et 23% chez les patients victimes d’une AIT ou d’une maladie coronarienne.
Facteurs de risque
L’hypertension constitue avec l’âge le facteur de risque le plus largement admis, suggérant qu’elle joue un rôle primordial dans l’apparition des ISC. Il reste cependant à demontrer que le contrôle de la pression artérielle peut abaisser le risque d’ISC.
Les autres facteurs de risque jouent un rôle secondaire.
La fibrillation atriale n’a quant à elle aucun effet aggravant sur les ISC, alors qu’elle est associée à un risque accru d’infarctus plus graves (en particulier les infarctus dans le cortex).
D’un point de vue anatomique, Les ISC s’accompagnent de lésions de la substance blanche.
Conséquences
Les ISC, par définition, ne provoquent aucun symptôme; Ils sont cependant associés à des déficits neurologiques suffisamment subtiles pour passer inaperçus auprès du patient et des médecins. Ces déficits neurologiques comprennent des troubles du champs visuel et des membres inférieurs et supérieurs, une faiblesse, et sont accompagnés d’un déclin physique. Les personnes victimes d’ISC ont également une performance cognitive moins bonne. Enfin, il est possible que ces infarctus conduisent à des troubles de l’humeur.
Risque d’AVC et de démence
La présence d’ISC augmente de 2 à 4 fois le risque d’AVC dans la population générale.
Il est admis que les anomalies vasculaires ont un rôle dans le développement des démences et, en particulier, de la maladie d’Alzheimer. Il n’est donc pas surprenant que la présence d’ISC double le risque de démence (selon une étude). Les mécanismes expliquant cette augmentation ne sont pas élucidés mais peuvent être dus à la présence de micro-lésions indétectables par IRM.
Il est également possible que les lésions vasculaires augmentent le développement des plaques d’amyloïde et des paires de filaments en hélice responsables de la mort neuronale dans la démence.
D’autres études suggèrent que les ISC aggravent les fonctions cognitives chez les patients déjà affectés par la maladie d’Alzheimer.
Enfin, l’impact des ISC sur les fonctions cognitives depend de leur localisation. Par exemple, une lésion du thalamus, une région du cerveau impliquée dans le stockage de la mémoire à court terme, entraîne de mauvaises performances dans les tâches de mémoire.
Conclusion
Les ISC sont des lésions vasculaires dans la fréquence est plus importante que celle des AVC.
Ils partagent avec les AVC les mêmes facteurs de risque cardiovasculaires, l’hypertension étant le facteur de risque le mieux identifié jusqu’a présent.
Les ISC, bien qu’asymptomatiques, provoquent de subtiles détériorations mentales et physiques qui passent généralement inaperçues.
Leur présence double le risque d’AVC et de démences.
Un examen routinier par MRI devrait être conseillé chez les personnes âgées à risque, en particulier celles souffrant d’un déclin cognitif léger.
Il serait également salutaire de contrôler les facteurs de risque cardiovasculaires, en particulier l’hypertension, chez les personnes ayant été victimes d’un ISC.