Perte d’odorat : un signe d’Alzheimer ou de Parkinson ?

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La perte d’odorat peut être un signe précoce de maladie de Parkinson ou d’Alzheimer.

Les chercheurs souhaitent mettre au point un test d’odorat afin de déceler la maladie avant que les premiers symptômes apparaissent.

La perte d’odorat apparaît avant les troubles neurologiques

Il est de plus en plus admis que les troubles de l’odorat sont l’un des premiers symptômes à se manifester dans les maladies de Parkinson et d’Alzheimer.

Ces troubles affectent environ 80% des personnes atteintes d’une de ces deux maladies neurodégénératives.

Selon l’auteur principal d’une étude publiée en 2012, ces symptômes peuvent se manifester dès 50 ans, alors que les principaux troubles neurologiques (moteurs pour la maladie de Parkinson et cognitifs pour la maladie d’Alzheimer) ne sont pas présents.

La perte d’odorat ne se manifeste pas de la même façon suivant que le patient est affecté par l’une des deux maladies : alors que effets de la maladie d’Alzheimer altèrent les tâches nécessitant la distinction et la mémorisation d’une odeur (deux tâches impliquant la mémoire), ceux de la maladie de Parkinson se caractérisent par une réduction de la sensibilité de la perception des odeurs, ce qui a des conséquences sur les trois autres tâches*.

* Quatre tâches ont en fait été utilisées selon les diverses études: la mesure du seuil de détection d’une odeur; la désignation d’une odeur parmi quatre choix de réponses; la distinction d’une première odeur parmi quatre nouvelles; et la reconnaissance d’une odeur après un délai pouvant varier de quelques minutes à quelques heures.

La perte d’odorat reliée à des lésions caractéristiques de la malade d’Alzheimer

Le lien entre la perte d’odorat et certains marqueurs caractéristiques de la maladie d’Alzheimer a été mis en évidence en 2017 par une équipe de McGill (Canada). Lors de cette étude, 300 personnes, dont un parent avait souffert de la maladie, ont été soumises à des tests de reconnaissance d’odeurs. Les participants qui avaient des taux anormalement élevés de marqueurs dans le liquide céphalorachidien étaient ceux qui avaient le plus de difficulté à reconnaître les odeurs ou à associer l’odeur à l’aliment qu’il représentait.

Une autre étude publiée la même année a confirmé que le fait de ne pas reconnaître des odeurs était lié à un risque accru de démence. Ainsi, au moins 80% des personnes (âgées entre 57 et 85 ans) qui n’avaient reconnu qu’une ou deux odeurs (sur cinq au total) lors d’un test avaient été diagnostiquées avec une démence cinq années plus tard.




Selon ces résultats, détecter la perte d’odorat permettrait d’identifier précocement ces maladies neurodégénératives et de mieux freiner leur évolution.

Un test d’odorat pour dépister la maladie d’Alzheimer ?

Dans l’idée de mettre au point un test de dépistage précoce, une équipe de chercheurs américains (Massachusetts General Hospital) a recruté près de 200 volontaires âgés qui ont subi des tests pour mesurer leur capacité à identifier et distinguer les odeurs.

Il sont observé que leurs capacité à identifier les odeurs dépendaient de leur niveau de déclin cognitif. Ainsi, les personnes en bonne santé mentale réussissaient mieux le test olfactif que celles qui se plaignaient d’avoir des problèmes cognitifs. Celles qui avaient les plus mauvais scores présentaient un déclin cognitif léger, suivies par celles atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Le test « du beurre d’arachide » peut aider à diagnostiquer la maladie d’Alzheimer

En 2013, des chercheurs de l’Université de Floride (Etats-Unis) ont constaté que les patients au stade précoce de la maladie d’Alzheimer ont une asymétrie dans leur capacité à détecter des odeurs. En l’occurrence leur narine gauche devient moins sensible que la droite.

Une cuillère à soupe a été présenté à chacun des patients qui ont du fermer leurs yeux et leur bouche et boucher l’une des deux narines. Le clinicien a ouvert le récipient de beurre d’arachide et l’a rapproché de la narine du patient jusqu’à ce que ce dernier détecte une odeur. La distance a été enregistrée et la procédure répétée pour l’autre narine après un délai de 90 secondes. 

Les scientifiques ont constaté que les patients (18) au stade précoce de la maladie d’Alzheimer ont eu une différence spectaculaire de sensibilité entre les narines gauche et droite : la distance entre le pot d’arachide et la narine gauche est en moyenne de 5 cm alors qu’elle est de 17,4 cm entre le pot et la narine droite.

« Nous voyons des personnes avec toutes sortes de troubles de la mémoire» , déclare le Dr Heilman, un des auteurs de l’étude.  Beaucoup de tests utilisés pour confirmer un diagnostic de la maladie d’Alzheimer ou d’autres démences peuvent être longs et coûteux, ce qui n’est pas le cas du nôtre. »

Sources

  • Dysfunction Predicts Subsequent Dementia in Older U.S. Adults. J Am Geriatr Soc.
    2017 Sep 25.
  • Odor identification as a biomarker of preclinical AD in older adults at risk, Neurology July 25, 2017 vol. 89 no. 4 327-335.
  • Episodic Memory of Odors Stratifies Alzheimer Biomarkers in Normal Elderly, Annals of Neurology, 2016.
  • The effect of Alzheimer’s disease and Parkinson’s disease on olfaction: a meta-analysis. Behav Brain Res. 2012 May 16;231(1):60-74.
  • A brief olfactory test for Alzheimer’s disease. Journal of the Neurological Sciences, 2013.