Une revue incluant quatre-vingt quatorze études résume les effets du cannabinoïde (CBD) sur le cerveau d’individus avec ou sans trouble psychiatrique.
Dans l’ensemble, les études effectuées chez des sujets sains (c’est-à-dire sans trouble psychiatrique) ont montré que le CBD modulait l’activité du cerveau et avait des effets opposés au tétrahydrocannabinol (THC).
Pour mesurer cette activité, les chercheurs ont eu recours à un examen de l’activité du cerveau par neuroimagerie et ont demandé aux volontaires d’effectuer des tâches mettant en jeu l’activation des neurones allant de certains zones du cerveau à d’autres : par exemple du cortex frontal au cortex temporal, du cortex frontal au striatum ou du cortex temporal au cortex occipital.
La connexion des neurones qui relient le lobe frontal aussi striatum s’est améliorée après l’administration de CBD. Fait intéressant, une connexion plus faible de ces neurones a été rapportée dans la psychose et a été associée à des symptômes positifs plus graves.
De plus, le CBD a diminué l’activité des neurones allant du lobe frontal au système limbique. Des études d’IRMf fonctionnelle ont montré une activation des zones du système limbique dans les troubles anxieux (par exemple, lors d’attaques de panique), ce qui suggère que le CBD peut diminuer l’état d’anxiété.
Le CBD efficace dans certains troubles du cerveau ?
Ces résultats laissent à penser que le CBD pourrait être une thérapie en restaurant des réseaux de neurones qui sont défectueux dans certains troubles neurologique. Des études précliniques et cliniquesont montré des effets prometteurs du CBD sur la réduction du craving (une envie difficile à contrôler), ainsi que des effets bénéfiques sur la volonté de consommer des substances illicites, des phénomènes associés aux déséquilibres des réseaux de neurones du lobe frontal, du striatum et du système limbique.
Les études ont également montré que le CBD a des effets opposés au THC. Il est connu que le THC a des propriétés pro-psychotiques et anxiogènes, surtout en présence de variétés de cannabis riches en THC et lorsque la consommation de cannabis est importante. Des effets neurophysiologiques opposés entre le CBD et la THC ont été rapportés dans les zones du cortex préfrontal, du striatum et du système limbique impliquées dans la psychose et l’anxiété. Ces effets cérébraux opposés suggèrent que le CBD pourrait être capable de contrebalancer les effets néfastes induits par le THC. Cependant, les concentrations de CBD nécessaires pour compenser les effets du THC chez les individus en bonne santé ne sont toujours pas claires, car le CBD pourrait avoir des effets différents lorsqu’il est administré à différentes doses.
L’administration aiguë de CBD a également affecté les réseaux de neurones du cerveau chez des sujets diagnostiqués avec un trouble psychiatrique. Dans l’ensemble, les résultats rapportés dans les différentes études suggèrent que le CBD pourrait contribuer à rendre normale l’activité des neurones entre le lobe frontal et le striatum qui est déséquilibrée chez les patients ayant un trouble psychiatrique. De plus, des chercheurs ont montré que le CBD réduisait le flux sanguin cérébral dans les zones limbiques (c’est-à-dire l’hippocampe, le parahippocampe et le gyrus temporal) chez les sujets souffrant d’anxiété sociale.
Des résultats nécessitant d’être confirmés
Ces résultats sont à analyser avec précaution car les articles inclus dans cette revue utilisaient souvent des méthodologies différentes (par exemple des méthodes de neuroimagerie, des modes d’administration et des doses différentes). Un autre aspect méthodologique à prendre en compte est que les effets du CBD sur le cerveau peuvent être différents selon l’âge et la progression de la maladie ou être influencés par l’utilisation concomitante de médicaments (p. ex., antipsychotiques) ou de drogues donnant lieu à un abus.
D’autre part, la plupart des études ont inclus des sujets sains principalement masculins ou de patients souffrant de troubles psychiatriques pour explorer les effets du CBD. Bien que les études examinées ici offrent une image cohérente indiquant que le CBD a des effets modulateurs sur les réseaux neuronaux qui sont dysfonctionnels dans la psychose, l’anxiété et la toxicomanie, il sera nécessaire de reproduire les résultats sur des populations plus larges comprenant également des femmes.
Les futures recherches devraient se concentrer sur le traitement à plus long terme (et non aigu) des patients atteints d’un trouble psychiatrique, en combinaison avec des examens de neuroimagerie, afin d’identifier les zones associées aux effets thérapeutiques possibles du CBD sur le cerveau. Deuxièmement, comme il a été démontré que la réponse clinique au CBD diffère d’un patient à l’autre, des études ultérieures pourraient également utiliser des techniques de neuroimagerie pour mieux identifier des patients qui pourraient mieux bénéficier d’un traitement au CBD.
Conclusion
En conclusion, des études de neuroimagerie ont montré que le CBD diminue l’activité de certaines zones du cerveau et améliore la connexion entre les réseaux de neurones qui sont dysfonctionnels dans la psychose (schizophrénie) et l’anxiété, laissant à penser que le CBD peut-être des effets thérapeutiques sur le cerveau dans certaines maladies.
Source : Batalla A, Bos J, Postma A, Bossong MG. The Impact of Cannabidiol on Human Brain Function: A Systematic Review. Front Pharmacol. 2021 Jan 21.