Les fonctions exécutives : rôle et évaluation
Commentaires fermés sur Les fonctions exécutives : rôle et évaluationLes fonctions exécutives peuvent être définies comme la capacité de planifier et de coordonner une action volontaire face à des alternatives, de surveiller et de mettre à jour l’action si nécessaire, et de supprimer toute distraction en se concentrant sur la tâche à accomplir.
Elle régule nos émotions et notre comportement et permet d’adapter l’individu aux changements soudains de l’environnement. Ces fonctions sont contrôlées par les lobes frontaux.
Les principales fonctions exécutives
- Organisation et planification. La planification est la capacité d’organiser l’activité mentale en fonction d’un but, en tenant compte des étapes nécessaires à atteindre ce but. Les personnes avec une lésion frontale ont souvent des difficultés à planifier.
- Flexibilité mentale. C’est l’habileté de modifier sa cognition en réponse aux stimuli environnementaux. Les régions du cerveau associées à la flexibilité sont surtout localisées dans l’hémisphère gauche, notamment l’aire de Broca (langage), le cortex pariétal (orientation spatiale) et le cortex préfrontal (mémoire de travail).
- Abstraction. C’est la capacité de penser à des situations ou éléments généraux, de manière symbolique. Le Wisconsin card sorting test permet d’évaluer la flexibilité mentale, mais aussi fournit également des informations sur les capacités de raisonnement.
- Jugement. La capacité de jugement implique fréquemment des situations sans aspect moral. Elle peut concerner la comparaison du meilleur choix entre deux options ou l’évaluation du risque dans une situation particulière. Parmi les tests pour évaluer la prise de décision, on retrouve le Iowa Gambling Task.
- Autocontrôle. Il consiste à moduler ou inhiber son comportement et ses actions en fonction du contexte et des exigences externes. Généralement, un manque d’inhibition se traduit par de l’impulsivité. L’inhibition implique plusieurs régions du cerveau situées principalement dans le lobe frontal. On observe des déficits d’inhibition dans plusieurs troubles psychiatriques.
Quel rôle jouent les fonctions exécutives ?
Les fonctions exécutives permettent à une personne de s’adapter à des situations nouvelles (habileté d’adaptation) et de résoudre les problèmes plus ou moins complexes.
Pour résoudre ces problèmes, le sujet doit identifier les étapes nécessaires à la mise en place d’une stratégie, en tenant compte des facteurs environnementaux.
Les fonctions exécutives mettent également en jeu des mécanismes qui permettent d’éliminer des informations qui sont inutiles. (Par exemple, « effacer » de sa tête un numéro de téléphone que l’on vient de composer).
Les fonctions exécutives comprennent donc l’inhibition d’une action, la mémoire, l’attention, la flexibilité, la planification et la résolution de problèmes.
Même s’il n’existe pas de consensus sur une définition, il est largement admis que les activités auxquelles le terme fait référence sont essentielles au fonctionnement quotidien.
Les personnes qui ont de la difficulté à s’inhiber, à se souvenir des choses, à planifier, à résoudre des problèmes ou à faire preuve de souplesse mentale présenteront des déficits importants dans le fonctionnement social et professionnel.
Quelles structures cérébrales sont impliquées ?
Les cortex frontal et pariétal, ainsi que certaines structures sous-corticales du système limbique (amygdale, hippocampe) sont impliquées dans les fonctions exécutives.
Des examens de neuro-imagerie, qui permettent de déceler des anomalies dans ces régions, sont souvent utiles lorsqu’un patient présente des troubles comportementaux (p. ex. l’agressivité, l’apathie).
Évaluation des fonctions exécutives
L’évaluation des fonctions exécutive se faite lorsqu’un patient présente des troubles comportementaux, notamment après un traumatisme crânien ou une démence (notamment une démence frontotemporale).
Les troubles comportementaux sont les suivants : apathie, manque d’initiative, indifférence, repli sur soi-même…ou au contraire une désinhibition avec un langage grossier, une euphorie, des familiarités, des attitudes inappropriées et ruptures de consignes (p. ex. il se déshabille, se tient mal à table, urine en public…).
Ces troubles peuvent perturber la mémoire et ont un impact négatif sur les activités de la vie quotidienne.
Une autre raison qui amène le médecin à examiner les fonctions exécutives tient au fait que la personne peut avoir du mal à s’adapter aux situations de la vie quotidienne. En effet, les troubles du fonctionnement exécutif peuvent passer inaperçus lorsque la personne âgée réalise des tâches de manière routinière (par ex. faire sa toilette, faire le ménage, se préparer à manger, conduire sa voiture…)
L’évaluation des fonctions exécutives se fait à l’aide de tests neuropsychologiques. En voici certains décrits ci-dessous:
Le test de Stroop
Il évalue la capacité d’inhibition du patient (capacité à éliminer les informations non pertinentes). Le patient doit nommer la couleur de l’encre avec laquelle est écrit un nom de couleur différente (cela s’appelle un test d’interférence). Il doit donc faire abstraction du mot.
Exemple: le patient doit dire « vert », « rouge », « jaune », puis « bleu » lorsqu’il voit l’image ci-dessous:
La Batterie Rapide d’Evaluation Frontale
Cette épreuve comprend six épreuves: épreuve de similitudes, de fluidité, de consignes etc.
Par exemple, l’examinateur montre au patient une orange et une pomme et lui dit: de quelle façon sont-ils semblables? (c’est le test de similitude).
Le test des tracés
Le test des tracés (en anglais trail making task) est un test souvent utilisé dans l’évaluation des fonctions cognitives. Ce test demande de bonnes compétences visuelles et spatiales, une exécution motrice rapide, et bien entendu une lecture correcte des chiffres et des lettres. Dans un premier temps, le sujet doit relier des chiffres dans l’ordre croissant le plus rapidement possible, et dans un second temps relier des chiffres et des lettres en alternance
Le Wisconsin Card Sorting Test
C’est une test essentiellement de déduction. Le sujet doit trouver un point commun entre 48 cartes présentées par l’examinateur et 4 autres cartes qui diffèrent par leur couleur et leur forme (ronds, carrés, triangles, etc.). Ces 4 cartes peuvent être par exemple un triangle vert, deux carrés rouges, trois croix noires et quatre cercles bleus. L’examinateur ne donne pas de consigne dans la manière dont le patient doit organiser ses cartes. Il lui dit uniquement par oui ou pas non si le critère (par exemple la forme, la couleur) choisi est le bon.
La mesure principale de cette tâche est le nombre de fois où le patient commet la même erreur (par exemple, le patient continue à classer les cartes par couleur alors que l’examinateur a précisé au patient que la couleur n’est pas le critère de sélection). L’examinateur verra si le patient peut annuler une fausse réponse qui lui est devenue routinière.
La tour de Londres
La tour de Londres un test faisant appel à des capacités de planification, avec 12 problèmes de difficulté croissante.
Questionnaires d’évaluation
Différents questionnaires comportementaux peuvent être soumis aux patients qui présentent un trouble des fonctions cognitives. Ce sont par exemple l’échelle de dysfonctionnement frontal ou l’inventaire du syndrome dysexécutif comportemental.